alt déc., 15 2025

En 2024, les médicaments génériques ont représenté 90 % de toutes les ordonnances remplies aux États-Unis - plus de 3,9 milliards de prescriptions. Pourtant, ils n’ont coûté que 12 % du total des dépenses en médicaments sur ordonnance : 98 milliards de dollars. En comparaison, les médicaments de marque, qui ne représentent que 10 % des prescriptions, ont absorbé 88 % des dépenses : 700 milliards de dollars. Ce n’est pas une erreur. C’est la réalité d’un système où les génériques sont les seuls à réduire vraiment les coûts.

Les génériques, le seul levier qui fonctionne

Depuis 2016, la part des génériques dans les prescriptions n’a jamais baissé. Elle est restée à 9 sur 10. Mais ce qui change, c’est leur coût. En 2019, ils représentaient encore 27 % des dépenses totales en médicaments. En 2024, ce chiffre est tombé à 12 %. Et pourtant, plus de génériques sont vendus que jamais. Cela signifie que leur prix unitaire a continué de baisser, même avec l’arrivée de nouveaux produits. Résultat : en 2024 seulement, les génériques ont permis d’économiser 482 milliards de dollars dans le système de santé américain - une hausse de 8 % par rapport à 2023.

Ce n’est pas une illusion. C’est une donnée publiée par l’Association for Accessible Medicines (AAM) et l’IQVIA Institute. Leur rapport de 2025 montre que les génériques sont le seul secteur de la santé qui réduit constamment les dépenses - sans compromettre la qualité des soins. Contrairement aux autres interventions, comme les négociations de prix ou les plafonds, les génériques agissent directement, sans bureaucratie, sans délais, sans lobbying. Ils sont là, simples, efficaces, et accessibles.

Les biosimilaires : la prochaine révolution

Les biosimilaires, des versions moins chères des médicaments biologiques (comme l’Humira ou le Stelara), ont commencé à faire leur entrée en force. Depuis 2015, ils ont permis à plus de 3,3 milliards de jours de traitement d’être accessibles à des patients qui n’auraient jamais pu les payer. En 2024, grâce à des stratégies de distribution privée, l’adoption des biosimilaires de l’Humira est passée de 3 % à 28 %. Cela a généré des économies immédiates pour les assureurs et les patients.

Maintenant, c’est au tour du Stelara, un traitement qui coûtait 6 milliards de dollars par an. Sept biosimilaires ont été approuvés par la FDA en 2025, et ils sont vendus à plus de 80 % moins cher. Dès 2026, ils pourraient économiser 4,8 milliards de dollars par an. Ce n’est pas une petite somme. C’est ce qu’un hôpital de taille moyenne dépense en salaires en deux ans.

Le problème ? 90 % des médicaments biologiques qui vont perdre leur brevet dans les dix prochaines années n’ont aucun biosimilaire en développement. Cela représente une opportunité perdue de 234 milliards de dollars d’économies. Pourquoi ? Parce que les grandes firmes pharmaceutiques utilisent des pratiques anticoncurrentielles pour bloquer l’entrée des génériques. Les accords « pay-for-delay » - où les fabricants de marque paient des entreprises de génériques pour retarder leur lancement - coûtent 1,2 milliard de dollars par an en règlements. C’est un système qui protège les profits, pas les patients.

Patient âgé tenant deux flacons d'insuline : l'un cher, l'autre à 25 $, avec un chemin de biosimilaires en arrière-plan.

Les patients paient la différence

Les chiffres sont impressionnants, mais ce qui compte vraiment, c’est ce que ça change dans la vie des gens. Près de 1 Américain sur 12 a une dette médicale directement liée à ses médicaments, selon GoodRx en 2025. Beaucoup de ces dettes viennent de médicaments de marque. Un patient sur Reddit a écrit : « J’ai switché à l’albutérol générique. Ça m’a fait économiser 300 dollars par mois sur mon traitement contre l’asthme. »

Ce n’est pas un cas isolé. Les données du CMS montrent que moins de 1 % des bénéficiaires de Medicare qui atteignent la phase de couverture catastrophique utilisent uniquement des génériques. Pourquoi ? Parce que leurs traitements - souvent des insulines, des anticorps monoclonaux ou des médicaments pour la sclérose en plaques - sont encore trop chers. Mais quand les prix baissent, les gens réagissent. En 2024, Eli Lilly a réduit le prix de son insuline de 275 à 25 dollars la fiole. Résultat : des milliers de patients ont pu reprendre leur traitement.

Les politiques publiques : un potentiel encore inutilisé

Le Inflation Reduction Act a permis de plafonner le prix de l’insuline à 35 dollars par mois pour les seniors de Medicare. Ce plafond s’étendra aux assurances privées en 2027. C’est une bonne chose. Mais ce n’est qu’un début. Le Bureau du Budget du Congrès estime que si les négociations de prix médicamenteux étaient étendues à 30 médicaments par an à partir de 2026, cela générerait 500 à 550 milliards d’économies sur dix ans. Si ces négociations s’étendaient aussi à Medicaid et aux assurances privées, les économies pourraient dépasser 1 000 milliards de dollars.

Le président Trump a aussi annoncé en novembre 2025 des accords « Most-Favored-Nation » avec Eli Lilly et Novo Nordisk pour réduire les prix de l’Ozempic et du Wegovy de plus de 1 000 à 350 dollars par mois. C’est une avancée. Mais ces accords ne concernent que deux médicaments. Les génériques et les biosimilaires, eux, touchent des milliers de traitements. Ils sont la solution systémique.

Balançoire géante où les profits pharmaceutiques luttent contre des pilules génériques et des mains de patients, sous un ciel de pétales de cerisier.

Les obstacles : qualité, logistique, résistance

Les génériques ne sont pas parfaits. En 2024, la FDA a émis 1 247 observations de non-conformité sur les sites de fabrication. Ce n’est pas négligeable. Mais ces problèmes sont souvent liés à des pratiques de production insuffisamment contrôlées, pas à la nature même des génériques. La plupart des médicaments génériques sont aussi sûrs et efficaces que les versions de marque - et ils sont testés par la FDA de la même manière.

Un autre obstacle ? Les pharmacies et les gestionnaires de soins (PBMs) ne favorisent pas toujours les génériques. Certains changent le générique sans avertir le patient - ce qu’on appelle les « échanges thérapeutiques ». Un patient peut recevoir un générique d’une autre marque, avec une formulation légèrement différente, et se retrouver avec des effets secondaires inattendus. Il faut des règles claires pour que les substitutions soient transparentes et sécurisées.

Le futur : une économie de santé plus juste

Si les tendances actuelles continuent, les génériques et biosimilaires pourraient réduire les dépenses totales en médicaments sur ordonnance de 15 à 18 % d’ici 2030. Cela signifie que les Américains pourraient payer moins cher pour les mêmes traitements. Le système de santé américain dépense aujourd’hui 10,3 % de ses coûts totaux en médicaments. Sans génériques, ce chiffre serait deux fois plus élevé.

Les génériques ne sont pas une solution miracle. Mais ils sont la seule solution qui fonctionne à grande échelle, sans attendre des lois complexes ou des négociations politiques. Ils sont déjà là. Ils sont déjà efficaces. Ils réduisent les coûts, sauvent des vies, et permettent aux patients de prendre leurs traitements sans se ruiner.

Le vrai défi n’est pas technique. C’est politique. Il s’agit de cesser de protéger les profits des grandes firmes et de commencer à protéger les patients. Parce que quand un médicament générique coûte 10 fois moins cher, ce n’est pas une question de marketing. C’est une question de justice.

Les médicaments génériques sont-ils aussi efficaces que les médicaments de marque ?

Oui. Les génériques contiennent le même principe actif, dans la même dose, et agissent de la même manière que le médicament de marque. La FDA exige qu’ils soient bioéquivalents - c’est-à-dire qu’ils soient absorbés par l’organisme à la même vitesse et dans les mêmes proportions. Des études indépendantes, comme celles menées par l’Institut de Médecine, confirment que les taux d’échec thérapeutique sont identiques entre génériques et médicaments de marque.

Pourquoi les génériques coûtent-ils si peu ?

Parce qu’ils n’ont pas à recouvrer les coûts de recherche et de développement. Les laboratoires de marque dépensent des milliards pour créer un nouveau médicament - et ils le vendent à prix élevé pour amortir ces coûts. Une fois le brevet expiré, d’autres fabricants peuvent produire le même médicament sans ces frais. Ils n’ont pas besoin de dépenser des millions en publicité non plus. Leur seul objectif est de produire à bas coût et de vendre en grande quantité.

Les biosimilaires sont-ils la même chose que les génériques ?

Non. Les génériques sont des copies de médicaments chimiques simples. Les biosimilaires sont des copies de médicaments biologiques - des protéines complexes produites à partir de cellules vivantes. Ils ne sont pas identiques, mais ils sont très similaires en structure et en effet. Leur fabrication est plus difficile, ce qui explique leur prix plus élevé que les génériques classiques - mais toujours beaucoup moins cher que le médicament d’origine.

Pourquoi les assureurs ne favorisent-ils pas toujours les génériques ?

Certains assureurs et gestionnaires de soins (PBMs) ont des accords cachés avec les laboratoires de marque. Ils reçoivent des remises ou des commissions plus élevées sur les médicaments chers, même si un générique existe. Cela crée un désincentif à prescrire le moins cher. Ce système est opaque, et il pénalise les patients. Des lois comme H.R. 3 visent à interdire ces pratiques, mais elles sont bloquées par le lobbying pharmaceutique.

Quel est l’impact des génériques sur les emplois ?

L’industrie des génériques soutient environ 350 000 emplois aux États-Unis, dans 46 États. Ces emplois incluent la fabrication, la logistique, la recherche et la distribution. Contrairement aux laboratoires de marque, qui concentrent souvent la production à l’étranger, les fabricants de génériques maintiennent des usines locales. Cela rend le système plus résilient et moins dépendant des chaînes d’approvisionnement internationales.

1 Comment

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    Jacque Johnson

    décembre 15, 2025 AT 07:45

    J'ai switché à un générique pour mon traitement de l'hypertension il y a deux ans, et j'ai économisé plus de 400€ par an. Mon médecin m'a dit que c'était exactement la même chose, et je me sens aussi bien qu'avant. Pourquoi on continue de payer le prix fort alors qu'on peut faire autrement ?

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