alt août, 5 2025

Courir après Maélys dans le salon tout en gardant un œil sur Merlin qui tente de voler un bout de jambon, c’est déjà du sport. Mais quand on prend du bicalutamide, la question devient plus sérieuse : peut-on continuer à bouger comme avant ? Doit-on lever le pied ou, au contraire, se forcer à ne pas s’encroûter ? Spoiler : rester actif fait toute la différence en termes d'énergie, d'humeur et même de récupération. Sauf que les conseils du médecin, genre « Faites du sport si vous vous sentez bien »… ça laisse un paquet de doutes. Faut-il se contenter de marcher un peu dans le quartier ou oser un vrai jogging ? La fatigue, les bouffées de chaleur, le moral en dents de scie jouent aussi dans la balance. On a tous envie de retrouver un quotidien où le corps suit malgré la chimie. Et ça, c’est possible… mais il y a des trucs à savoir, des astuces qui rendent tout ça moins galère.

Bicalutamide et activité physique : un duo inattendu ?

Quand on commence le bicalutamide, on pense d’abord aux effets secondaires : fatigue, troubles musculaires, prise de poids. Sauf qu’on ne parle pas assez du pouvoir de l’activité physique pour allonger la liste des bonnes surprises pendant un traitement. Selon la SFPO (Société française de pharmaceutique oncologique), même vingt minutes quotidiennes de marche ou de vélo augmente la tolérance au traitement. La clé, c’est la régularité : pas besoin de marathons ni de salles de muscu high-tech. Marcher pour aller chercher le pain, monter les escaliers plutôt que l’ascenseur, jouer au foot avec son gamin dans le jardin… ça compte !

L’exercice ne guérit pas le cancer, bien sûr, mais il protège le moral, muscle le système immunitaire, et lutte contre la fonte musculaire. Une étude de l’Institut Curie montre qu’une simple routine de mouvements adaptés réduit la sévérité de la fatigue et la déprime liée au traitement hormonal. Autre effet secondaire fréquent : la prise de poids liée au dérèglement hormonal. Or, bouger limite ce phénomène, améliore l’appétit (dans le bon sens !), et aide aussi à garder la densité osseuse. La sédentarité, c’est le pire allié quand le corps doit déjà gérer des bouleversements internes. On ne court pas (toujours) après une performance, mais on court contre l’immobilité qui fatigue, use et isole.

Certaines idées reçues font obstacle : « le sport est trop fatigant quand on est déjà au bout du rouleau », « ça va aggraver les douleurs articulaires ». Faux ! Un kiné spécialisé en oncologie expliquera qu’il existe toujours un niveau d’activité qui colle à l’état du moment. Parfois, cinq minutes suffisent. Parfois, il faut adapter le mouvement ou varier les plaisirs : natation, marche nordique, étirements doux. Tout ça peut paraître dérisoire, mais les études sont implacables : moins on bouge, plus les effets secondaires s’accrochent. Inversement, le sport régulier améliore le sommeil et la récupération après chaque cure. Même Merlin, qui ne jure que par la sieste, se fait parfois déloger pour un quart d’heure de chasse improvisée à la ficelle… Comme quoi, bouger est contagieux.

Adapter la pratique sportive pendant le traitement

C’est l’étape délicate : arrêter net toute activité sous prétexte de traitement, ou forcer coûte que coûte ? Ni l’un ni l’autre. Ce qui compte, c’est d’adapter. Le bicalutamide fragilise parfois les muscles, ralentit la récupération. Mais ça ne signifie pas de bannir l’effort, bien au contraire. L’idéal, c’est de miser sur l’endurance douce : la marche rapide, le vélo tranquille, la natation (en évitant les piscines surchauffées, au risque d’exacerber les bouffées de chaleur). Les exercices de renforcement musculaire sont aussi de très bons alliés : ça se joue chez soi à l’aide d’une chaise, d’un tapis, et parfois même du propre poids du corps.

Chose simple mais primordiale : écouter ses sensations heure par heure, pas jour après jour. Certains matins, pas moyen d’aligner deux pas sans souffler comme un phoque. Alors, on s’accorde de la douceur. D’autres fois, l’énergie est là : autant en profiter ! Contrairement à pas mal de sports où l’objectif est la perf’, ici on vise la régularité et le plaisir. Zéro compétition, ni contre soi, ni contre les autres. Il existe des programmes imaginés spécialement pour les patients sous hormonothérapie, comme « PEPITES » à Gustave Roussy, où des coachs médicaux adaptent la durée et l’intensité des séances à chaque moment du traitement.

Attention aussi à la gestion des petits bobos : douleurs articulaires, raideurs musculaires, envies pressantes de dormir. Le recours à certains accessoires limite ces désagréments : chaussures adaptées (pour protéger les genoux et chevilles mises à contribution à cause des éventuelles prises de poids), genouillères, et même ce fameux coussin de yoga pour faire quelques exercices d’étirement faciles devant la télé. Les séances collectives peuvent motiver, mais chacun doit suivre son propre rythme. Les groupes Facebook ou WhatsApp de malades partagent beaucoup d’astuces motivantes, sans jugement. Si la fatigue est trop forte ou si des symptômes atypiques apparaissent (essoufflement inhabituel, douleurs persistantes), on lève le pied et on en parle à son médecin. Le sport, ça doit embellir le quotidien, pas devenir une galère en plus !

Conseils pratiques pour rester motivé et éviter les pièges courants

Conseils pratiques pour rester motivé et éviter les pièges courants

La motivation, c’est un peu comme un chat : elle vient, elle repart, elle revient… Parfois, elle s’endort dans un coin. Pour ne pas abandonner en chemin, on multiplie les petites stratégies simples. Première astuce : transformer l’activité en rendez-vous plaisir. Marcher à deux, pousser la balade jusqu’au marché, installer une appli sur le téléphone qui compte les pas du jour (et en faire un jeu avec les enfants). Se récompenser à chaque petit progrès avec un truc sympa — pas forcément sucré, hein ! Pourquoi pas, une pause détente avec Merlin sur les genoux après une marche animée.

Le vrai piège, c’est le « j’attends d’aller mieux ». Trop de gens repoussent le moment où ils bougent, croyant que la forme va revenir toute seule. La vérité, c’est que ce sont les petits efforts du quotidien qui relancent la machine. Pour déjouer les jours « sans », préparez à l’avance une mini-liste de mouvements faciles et réalisables assis ou debout : lever les genoux, faire quelques flexions douces, tourner les épaules, respirer profondément. Le matin, on peut aussi, dès le lit, bouger les chevilles et étirer le dos. Pas grand-chose, mais ça réveille le corps en douceur.

Penser à bien s’hydrater (surtout avec le bicalutamide qui assèche parfois la bouche) et s’habiller léger pour calmer les bouffées de chaleur. Ne jamais zapper l’échauffement, même pour deux minutes. Côté alimentation, privilégier les repas riches en protéines pour aider à préserver la masse musculaire. Et si on a un doute sur le type d’activité adapté à son cas, demander conseil au kiné ou à l’oncologue, ils savent ajuster au millimètre près. Enfin, garder en tête que chaque petit geste compte. Même jouer avec le chat, bricoler sur la terrasse, se lever pour arroser les plantes, tout cela s’additionne à la fin de la journée.

Témoignages et retours du quotidien : reprendre le contrôle grâce au mouvement

Dans les groupes de parole, beaucoup racontent le déclic qui les a poussés à sortir du canapé. Pour Michel, c’était le regard de ses petits-enfants à qui il voulait prouver qu’il était toujours là, vaillant. Pour Claire, le déclic est venu après avoir troqué la voiture contre le vélo électrique. Elle a retrouvé des sensations oubliées, le plaisir de croiser des voisins, les premières douleurs se sont vite transformées en énergie. Mohamed a opté pour des séances de yoga en ligne avec d’autres patients sur Zoom : il dit que cela muscle autant le corps que la tête, et c’est hyper vrai !

Dans mon salon, Maélys me répétait que j’étais « fatigué tout le temps » ; pas faux, mais en cherchant quelques exercices sympas sur YouTube, elle s’est mise à me coacher : « Encore, papa ! Baisse-toi ! » Résultat : ambiance familiale, rires, mouvements. Même Merlin trouve ça cool quand il s’installe sur mon dos pendant la planche. Chaque semaine, noter un progrès, même minuscule : se lever un peu plus facilement, marcher 200 mètres de plus, sentir que la respiration est moins courte. Ces mini-victoires relancent la confiance.

À l’hôpital, le kiné disait toujours : « Le corps oublie vite… mais il se souvient aussi vite si tu le bouges régulièrement. » Une habitude chasse la sédentarité. Le mouvement, même imparfait, amuse parfois plus qu’il ne fatigue. Montrer à son entourage qu’on fait face, bouger avec eux, ça crée du lien, du courage, et même de la tendresse. Après le bicalutamide, beaucoup racontent avoir gardé des rituels actifs : Jardinage, balades en forêt, petits footings tranquilles ou, tout simplement, des étirements du matin qui donnent le sourire.

Personne n’a de recette miracle, mais l’activité physique adaptée, c’est un peu la cape d’invisibilité contre la fatigue et la baisse de moral. Ça ne se voit pas, ça ne s’affiche pas sur des graphiques, mais dans la vie de tous les jours, ça change tout. Les chiffres le prouvent : ceux qui bougent un peu tous les jours traversent mieux le traitement, physiquement et mentalement. Au final, rester actif sous bicalutamide, ce n’est pas cocher « sport » sur son agenda, c’est retrouver un goût d’élan, même par petites gouttes, quand tout semble tirer vers le bas. Et franchement, retrouver l'énergie pour courir après Merlin et Maélys, c'est déjà une belle victoire.